vendredi 4 mai 2012

Visite à l'usine Le Creuset - Visit of Le Creuset factory

J'ai eu ces derniers jours l'opportunité de visiter l'usine de Le Creuset dans le nord de la France, et l'expérience fut très intéressante.
Le Creuset fabrique toutes ses cocottes, casseroles et accesoires en fonte dans une seule et unique usine située à Fresnoy-le-grand, et la société est en train de doubler la taille de l'usine, un nouveau batiment est en cours de construction.

La visite a commencé le  matin par la présentation des produits et quelques explications technique.
Par exemple il est intéressant de savoir que bien utilisées les cocottes et accessoires en fonte sont quasi inusables, mais une surchauffe a froid est la cause de la plupart des dégradations. En effet, la fonte est un relativement mauvais conducteur de la chaleur, donc une surchauffe localisée peut entrainer des différences de dilatation, et abimer le revètement, voire la fonte elle même.

Ensuite déjeuner, en testant le matériel
Préparation d'un wok de scampis, d'une tarte tatin aux poires, et blanquette de veau








Debut de la visite de l'usine commence par l'entrepot et l'emballage. L'inventaire disponible est impressionnant!


L'atelier d'emballage


Ensuite  à la production. La fonte est un savant mélange de fonte, de rails recyclés et de métal de voiture recyclé.



Tout ce mélange est fondu dans un creuset à induction, la témpérature du mélange atteint les 1400°c
Bien que partiellement automatisé, il y a toujours un opérateur humain qui vérifie la fonte et enlève les impuretés du mélange.












































































La fonte est ensuite  coulée  dans un transporteur robotisé. Attention c'est chaud







































Chaque pièce en fonte est unique nous explique-t-on. En effet, chaque moule en sable est unique, produit par un robot, et le moule est détruit ultérieurement
Voici la machine qui prépare les moules en sable, on voit ici qu'une poèle et une casserole sont produites en même temps. Les moules se suivent à la chaine


Ensuite les moules passent sous une coulée de fonte, et sont remplis de fonte







Le petit train de moules a refroidi, et le démoulage se fait en cassant le moule. Le sable sera recyclé



Et voici une première ébauche brute du produit








Le sable restant sera enlévé en gros d'abord par un opérateur humain, qui fera un premier controle de qualité et  rejette systématiquement tout ce qui semble présenter un défaut.





































Ensuite, passe dans une machine qui donne un premier polissage et retire le  reste du sable

 Controle qualité



L' ébarbage. Bien que certaines taches sont robotisées, il y a beaucoup d'interventions humaines et de controle de qualité



































Polissage des fonds







































Encore une finition manuelle. Cela ne se voit pas sur la photo mais ces ouvriers on un doigt qui manque à leur gant, ce qui leur permet de sentir les aspérités et les défauts






Pulvérisation de la première couche de masse d'email





Puis pulvérisation de la couleur




Les bords sont essuyés à la main, avec une éponge

Puis, enfournage à l'émaillage, qui est une sorte de grand four à pizza à 800°c




A la sortie du four, nous avons le produit quasi fini (les boutons ne seront ajoutés qu'a l'emballage semble-t-il)







Cette visitie fut très intéressante, je comprends mieux la qualité de ces produits, car chaque article passe par trente controles de qualité manuelle.

Bien que ce soit une usine de taille respectable, Le Creuset donne cette impression de fabrication qui reste encore artisanale, l'attention portée au détail est impressionnante, et tout le personnel dégage une aura de fiereté de leur travail.
Lorsque je regarde maintenant les autres marques de produits fonte,  je vois immédiatement les défauts...



jeudi 3 mai 2012

Les hormones de la faim et la futilité du concept des calories alimentaires

Dans un article précédent (calories, énergie et régimes) j'avais argumenté de ce que sont sensée représenter les calories dans notre alimentation.

J'ai revu ces derniers jours par hasard une émission de la BBC - Horizon: Why thin people are not fat - Pourquoi les personnes maigres ne sont-elles pas grosses. Dans cette émission des chercheurs tentent de comprendre non pas comment perdre du poids, mais plutot comment on prend du poids.

L'approche est assez simple. La théorie - fausse bien sur- des calories est que l'on a en moyenne besoin d'approximativement 2500 calories par jour. Une consommation supérieure à cette quantité nous fera prendre du poids, et une consommation inférieure  nous fera perdre du poids, ce qui est essentiellement le message que proposent la plupart des diététiciens d'aujourd'hui.

L'approche de ces chercheurs fut  de prendre 10 volontaires, et de les gaver de plus de 5000 calories par jour pendant un mois, sans faire d'exercice,  et selon la logique ci dessus, ils devraient en théorie prendre 25% de poids en plus.

Ou, en faisant un calcul simpliste, 3500 calories excessives par jour, fois trente jours, à 9 calories par gramme de graisse, devrait correspondre à stocker 11 à 12 kg de graisse corporelle supplémentaire.

Chaque volontaire est examiné et sa quantité de graisse corporelle est calculée avec précision, ainsi que son taux métabolique de base, qui est la quantité d'énergie consommée constamment par l'organisme, par exemple durant le sommeil

Quels furent les résultats de cette expérience?
  • Tous les volontaires ont eu difficile a consommer une telle quantité de nourriture
  • Les aliments riches en énergie tel que le chocolat permet d'atteindre 5000 Calories par jour plus facilement
  • Certains sujets on pris plus de poids que d'autres
  • Un des sujets n'a quasi pas pris de poids mais sa masse musculaire a augmenté
  • Tous les sujets sont revenus à leur poids d'origine après l'expérience
Cette émission tente également d'expliquer  pourquoi certaines personnes naturellement plus maigres sont capables de rester maigre
  • L'appétit est influencé par des facteurs génétiques
  • L'age, le poids et le régime de la mère durant la grossesse influencent le poids de l'enfant
  • Les habitudes alimentaires apprises durant l'enface continuent à l'age adulte
  • Les gens naturellement plus maigres évitent instinctivement la consommation excessive de calories
  • Les gens ont un certain "poids naturel" vers lequel l'organisme essaie de s'aligner
  • Le taux métabolique de base a beaucoup d'influence sur la consommation d'énergie
  • La sensation de faim est proportionelle a la quantité de cellules de graisse
  • La quantité de cellules de graisse peut augmenter mais ne diminuera jamais
Un des arguments proposés est que ce taux métabolique a une forte influence sur la consommation de calories. En effet ce mécansime tente a préserver le poids idéal et est plus intense chez certaines personnes que d'autres, la production accure de chaleur corporelle pourrait être un des mécanismes d'évacuation d'énergie superflue, un peu comme le radiateur d'une voiture. Michael Eades a également proposé que si le nombre de calories consommées augmente, l'organisme va essayer de les évacuer par des mouvements involontaires, tel que tapoter des doigts, bouger ses jambes, etc.. une forme d'activité physique qui n'est pas réellement de l'exercice, mais qui consomme quand même de l'énergie.

Les deux derniers arguments de la liste ci dessus sont intéressants: il y a deux aspects clefs contribuant à la formation de tissus adipeux, la taille des cellules adipeuses et la quantité de ces cellules. La quantité de ces cellules est originellement déterminée durant l'adolescence. Donc manger influence d'abord la taille de ces cellules, qui grandissent ou rétrecissent selon le cas.

Mais lorsque ces cellules atteignent une taille maximale, l'organisme va créer de nouvelles cellules pour stocker cette énergie excédentaire. La faculté de produire ces nouvelles cellules va dépendre d'un individu à l'autre.

Le problème -selon le modèle actuel - est que la quantité de ces cellules adipeuses ne peut qu'augmenter, et ne diminuera jamais, ce qui signifie que toute cellule produite suite à une alimentation excessive restera toujours avec vous. Pire encore, comme le but de ces cellules est de stocker de l'énergie, l'organisme produira  plus de signaux de faim au cerveau pour garder ces cellules remplies. A l'évidence, cela rend les régimes qui tentent à limiter la consommation de calories assez difficiles

Je me pose alors quelques questions.
Pourquoi certaines personnes ont-elle difficile à avaler tant de nourriture?
Pourquoi certains prennent ils plus (ou moins) de poids que d'autres?
Pourquoi ces personnes sont-elles revenues à leur poids initial sans grand effort?
Comment savons nous que nous avons faim, ou mangé assez, voire de trop?

Des études récentes pointent du doigt certaines hormones découvertes assez récemment qui influencent directement la faim et la satiété.

La Leptine

La leptine fut découverte en 1994 par Jeffrey M. Friedman et ses collegues de la Rockefeller University par l'étude de souris obèses. Bien que la leptine est un signal hormonal qui a pour effet de réduire l'appétit, les individus obèses ont un taux de leptine anormalement élevé. Ces individus sont considérés comme résistants à la leptine de la même facon que les diabétiques de type 2 sont résistants aux effets de l'insuline.

Selon le Dr Robert H Lustig, la leptine est une hormone qui est produite par les cellules adipeuses et est un messager qui indique au cerveau que l'on a suffisament mangé. Le fait qu'il y ait corrélation entre la quantité de cellules adipeuses et un taux élevé de leptine peut sembler paradoxal. Comment peut-on expliquer un taux de leptine élevé et un trop grand appétit?
Selon lui, la découverte du mécansime de la leptine serait le Saint Graal actuel de la recherche sur les mécanismes de l'obésite.


L'insuline joue un role clef, car elle permet à l'organisme de réguler le taux de glucose sanguin,  ce glucose ecxédentaire est transofrmé et stocké sous forme de graisse. Si selon lui avant chaque repas on vous injecterait une dose d'insuline, votre corps va stocker une partie de votre apport énergétique sous forme de graisse, et simultanément vous prendrez  du poids, et aurez faim.

En réalité,  personne ne vous poursuit pour vous injecter de l'insuline. Vous produisez spontanément plus d'insuline suite au changement d'habitudes alimentaires, notamment liés a la quantité de glucides que vous consommez sous forme de sucre et d'amidons, qui provoqueront une libération d'insuline.

"La leptine signale à votre cerveau que vous avez suffisamment d'énergie emmagasinée dans vos cellules adipeuses", nous dit Lustig. "En d'autres termes, lorsque le taux de leptine est à un certain niveau - et pour chaque personne c'est probablement lié à une prédisposition génétique- votre cerveau sait qu'il y a suffisamment de carburant pour mener une vie normale, bruler cette énergie à un taux normal,....."
"Mais durant un régime, les gens mangent moins et les cellules adipeuses perdent une partie de leur contenu, ce qui diminue la quantité de leptine produite"
"Supposons que vous êtes affamé, que votre absorbtion d'énergie a diminué et que vous perdez du poids. A ce moment là votre taux de leptine descend en dessous de votre limite personnelle, et votre cerveau sent les symptomes de faim.. Cela peut se passer à n'importe quel taux, cela dépendra de votre limite de sensibilité personnelle à la leptine. Votre cerveau va dire Je n'ai plus la quantité d'énergie disponible à laquelle je suis habitué, je suis en état de famine.


Le problème est que  les individus en surpoids ont un taux de leptine élevé, mais leur cerveau ne percoit pas clairement le signal d'arrèter de manger. Ce phénomène selon Lustig s'appelle résistance à la leptine, et est similaire à la résistance à l'insuline. Dans les cas de résistance à la leptine, le taux de leptine est élevé, ce qui signifie que vous êtes en surpoids, mais votre cerveau ne le percoit pas. En d'autres termes, votre cerveau est affamé, mais votre corps est obèse. Et cela donne une nouvelle définition de l'obésite: la famine cérébrale.

D'autre part l'insuline bloque la leptine au niveau du cerveau. Au plus d'insuline, au plus vous stockerez de la graisse, et au plus vous aurez faim. La résistance à l'insuline génère la résistance à la leptine. Le conseil pratique est alors de diminuer le taux d'insuline, et la meilleure approche est de ne pas le laisser augmenter. Le sucre fait grimper le taux d'insuline, je pense que si nous diminuons la quantité de sucres et de glucides consommés, notre résistance à l'insuline s'améliorera et cela nous permettra d'évacuer les kilos superflus.


La ghreline

Des chercheurs Japonais ont découvert la ghreline en 1999, et en 2000 d'autres chercheurs Américains ont découvert que la ghreline stimule l'appétit, donc l'effet opposé de la leptine.

La ghreline est une hormone produite par l'estomac dont le but est de signaler au cerveau que l'organisme a besoin de manger.  Le taux de sécretion par l'estomac sera plus élevé avant un repas, et moindre après un repas. Cette hormone est importante dans l'évolution de l'obésite car en stimulant l'appétit, cela favoirise la prise de poids, explique le docteur en biologie Amaia Rodríguez Murueta-Goyena.

Le sujet est encore controversé, car dans le cas d'individus obèses, le taux de ghreline est inférieur à celui des personnes maigres, sauf chez les individus souffrant du syndrome de Prader-Willi. Et les personnes souffrant d'anorexia nervosa ont également un taux plus élevé de ghreline que chez les individus normaux.

Cependant une étude en simple aveugle a montré que chez des patients souffrant d'anorexie l'injection de ghreline à augmenté la consommation de nourriture de 12 à 36%

Jim Rudolph, qui a opté pour une gastroplastie il y a quelques années, a perdu 97 kilos, ce qui semble être le résultat attendu vu que cette opération réduit le volume de l'estomac de 95 pourcent. Par contre ce qui est surprenant selon les chercheurs est ce que cette opération a révélé sur le mécanisme de l'appétit : la ghreline est quasi la seule hormone qui est capable de déclencher l'appétit. Cette opération semblerait avoir éliminé la faculté du corps de Jim Rudolph de pouvoir produire de la ghreline, ou tout du moins d'avoir endormi cette faculté.

“Je n'ai plus vraiment faim" dit-il. "Ce n'est plus de la faim comme dans le passé, vous savez, NOURRIS MOI, NOURRIS MOI!!!"

La ghreline est à ce jour la seule hormone connue capable de stimuler l'appétit, dit le Dr Cummings, qui a étudié le taux de ghreline chez les individus obèses et normaux. Son équipe a découvert que les personnes perdant du poids durant un régime avaient des taux élevés de ghreline. Pas occasionellement, mais en permanence, à chaque prise de sang.

"Cela semblerait être une des manières par laquelle l'organisme combat la perte de poids", dit Cummings, "ce qui expliquerait peut être pourquoi le poids de millions de personnes au régime fait du yoyo"

Stephen Bloom
Alors, sommes nous en train de combattre la biologie, ou de mauvaises habitudes?  Selon le chercheur brittanique Stephen Bloom, les deux.

Au London’s Imperial College, Bloom et son équipe étudient la ghreline, et récemment ont débuté des expériences sur une autre hormone appelée PYY-336, que l'on pourrait surnommer l'anti-ghreline car cette hormone provoque une sensation de satiété.

Dans une de ses expériences, il a administré à un groupe de volontaires affamés du PYY, puis leur a offert un buffet ou ils pouvaient manger autant qu'ils voulaient. Les chercheurs ont mesuré la quantité de nourriture restante et ont découvert que ces volontaires ont mangé un tiers en moins sur une période de 24 heurs après avoir recu du PYY. Sa théorie est que la ghreline monte au cerveau et l'organisme a faim, la ghreline disparait après un repas, mais l'hormone qui vous empèche de manger, la PYY , a augmenté. Selon lui "tant que le taux de PYY reste suffisamment élevé, vous n'aurez pas faim".


On serait tenté de penser alors qu'une injection de leptine serait la solutions miracle pour perdre du poids? Malheureusement cela a été essayé, mais les résultats ne furent pas concluants. En effet l'interaction des différentes hormones est bien plus complique qu'il n'y paraît à première vue. Diverses recherches suggèrent que la réaction métabolique à ces hormones est différente entre homme et femmes, et a une forte prédisposition génétique.

La pilule magique anti kilos n'est pas encore pour demain.

Comme l'a dit Robert Lustig, tentons de diminuer le taux d'insuline, qui est une des sources du problème. Mangeons moins de glucides.



références:

Klok MD, Jakobsdottir S, Drent ML. The role of leptin and ghrelin in the regulation of food intake and body weight in humans: a review. Obes Rev. 2007 Jan;8(1):21-34. Review.


Münzberg H, Flier JS, Bjørbaek C. Region-specific leptin resistance within the hypothalamus of diet-induced obese mice. Endocrinology. 2004 Nov;145(11):4880-9.
Klok MD, Jakobsdottir S, Drent ML. The role of leptin and ghrelin in the regulation of food intake and body weight in humans: a review. Obes Rev. 2007 Jan;8(1):21-34. Review.