Concombre, Allemagne, Espagne, Escheria Coli et panique dans la chaine alimentaire.
Voici donc les grands titres des actualités récentes. La peur fait vendre de l'espace médiatique, et les commercants jettent les concombres à la poubelle. Les producteurs espagnols se retrouvent avec leur stock sur les bras car personne ne veut plus rien leur acheter, et tout cela sans aucune preuve formelle de la source de la souche bactérienne.
Un petit air de déjà vu...
Tout d'abord mon plus grand respect pour les malheureuses victimes et mes condoélances à leurs familles (à ce jour 17 victimes)
Dans un article précédent sur la sécurité alimentaire j'ai abordé le sujet des infections bactériennes.
La presse nous relate que le coupable de cette panique est une bactérie appelée Escherichia coli, qui est naturellement présente dans le système digestif (que l'on appelle également 'flore intestinale). Cependant il faut savoir qu'il n'y a pas qu'une seule variété de cette bactérie, il y en a des centaines, dont la plupart sont innofensives.
La variété la plus fréquente dans les intoxications alimentaires serait Escherichia coli O157:H7, cependant je viens de lire que le coupable serait la variété O104:H4, et a ce jour il n'y a eu qu'un seul cas de telle intoxication recensé, une dame en Corée en 2005.
Comment se fait-il alors qu'une telle bactérie se retrouve sur des concombres, qui semble-t-il viennent d'Espagne (ce qui reste à prouver)? L'explication la plus logique est une forme d'agriculture bio mal surveillée, et l'utilisation d'engrais 'naturels'. En fait, l'engrais en question est généralement du fumier, issu du système digestif des animaux, et qui contient naturellement des E.Coli
Il est intéressant de noter que la plupart des intoxications alimentaires d'origine bactériennes sont dues à d'autres bactéries a savoir Campylobacter, Staphilocoque doré, clostridium, botulisme. La présence d'E Coli est toujours associée à la présence de matières fécales, et est considéré comme un indicateur de la présence d'autres bactéries et/ou substances pathogènes et potentiellement nocives qu'un risque en soi.
Cependant certaines variétés de ces bactéries peuvent secréter des poisons, appelés entérotoxines, qui vont irriter la paroi interne de l'intestin et provoquer des diarrhées plus ou moins sérieuses.
La présence de ces toxines dans des aliments contaminés va provoquer de tels symptômes dans les huit heures, et la plupart du temps il suffit d'attendre (et de souffrir) quelques heures, au pire quelques jours. L'impact sur l'organisme est principalement une déshydratation et une perte d'électrolytes, qui peut être facilement compensée en buvant beaucoup. Cependant cela peut avoir des conséquences désastreuses pour des personnes plus à risques tels que nourissons et personnes agées. La célèbre "Turista" est le plus souvent le fait de la rencontre d'une variété de E.Coli pour lauqelle notre organisme n'a pas encore développé de défense immunitaire.
E.Coli O104:H4 semble être une bactérie entérohémorragique, et le principal réservoir de ce type de bactéries est le tube digestif des bovins. Ces bactéries produisent une toxine appelée verotoxine ou shinga-toxine qui peut entraîner un syndrome hémolytique et urémique, ce qui semble être le cas dans cette situation.
Revoyons cette situation sous une autre perspective. Quatorze décès et approximativement trois cent personnes touchées. En comparaison l'OMS estime que la grippe saisonière est la cause du décès de 500.000 personnes par année, dont 64.000 aux USA, et de 6000 à 8000 en France.
Mais la grippe ne fait pas vendre du temps d'antenne.... Je pense sincèrement que ce battage médiatique n'est pas justifié, et est plus de la désinformation qu'autre chose.
Que faire alors?
Ce que l'on devrait toujours faire.... LAVER LES LEGUMES!!!!
La probabilité d'une telle intoxication est ridiculement faible, donc il ne sert à rien de céder à la panique. Et TOUS les légumes sont potentiellements contaminés, même si vous les achetez dans un joli sachet plastique scellé.
Si vous êtes vraiment paranoiaque, remplissez votre évier et versez deux cuillières à soupe d'eau de javel, brassez bien, laissez tremper vos légumes une ou deux minutes, et puis rincez abondamment trois fois à l'eau claire, ou jusqu'a disparition de l'odeur de chlore. C'est ce que les producteurs américains d'épinards sont obligés de faire (industriellement) avant d'emballer la récolte!
Et lavez vous les mains!
Pour conclure, comme j'aime bien de jouer à saute mouton avec une licorne, voici ma recette de Gaspacho de concombre:
Dans un robot mixeur ajoutez
Réservez au frigo, servir froid
reférences:
Microbiology principles and explorations, Jacqueline Black, 2008, pages 685-694
Kaper JB et al. (2004) Pathogenic Escherichia coli . Nat Rev Microbiol 2:123.
Mise à jour du 4 Juin 2011
Selon les dernières nouvelles, le coupable serait une nouvelle souche inconnue de E.Coli, qui serait encore plus productrice d'entérotoxines, et la source serait due à un restaurant à Hambourg, qui lierait toutes les personnes intoxiquées? Affaire à suivre.... Le concombre Ibérique malfaisait serait donc hors de cause?
Mise à jour du 6 Juin 2011
La souche espagnole semble définitivement abandonnée. La nouvelle piste serait une ferme dans la région d'Uelzen qui produit des germes (tels que soja).
Cette piste serait plausible, car les graines sont germinées vers les 38°c, ce qui est une température idéale pour les bactéries, et il y a des précédents: Intoxication de 10.000 personnes au japon en 1996, cependant il s'agissait d'une autre bactérie, la E157:H7, et non pas la E104:H4 qui est semble-t-il la souche incriminée en Allemagne.
La ferme d'Uelezen a été fermée en attente d'analyses....
Mise à jour du 7 Juin 2011
Les semences germées allemandes semblent être hors de cause, les tests sur les produits suspectés sont revenus...négatifs. A ce jour, 22 décès au total et 2300 personnes intoxiquées. Les médias en font une 'épidémie' mais en regardant les choses de plus loin, cela ne fait que dix décès supplémentaires en Europe sur une période d'une semaine. Cela ne fait certainement pas les choux gras des pauvres victimes, mais la mortalité due aux accidents de la route est bien plus élevée (surtout les weekends). Certes, conduire en ayant bu trop d'alcool est un choix personnel, et consommer un aliment contaminé ne l'est pas.
Je me pose deux questions.
Les tests efféctués sur les graines germées sont toujours négatifs, aucune bactérie n'a été détectée, mais selon Reinhard Burger, directeur de l'Institut Robert Koch, "l'étude épidémiologique pointe les grains germés comme la seule source possible.
"la chaîne d'indices est tellement importante qu'on peut identifier désormais l'origine de la contamination"
Cela ne m'inspire pas comme étant très scientifique tout cela. Plutot de la chasse aux sorcières. Si tout le monde est rassuré d'avoir identifié la "sorcière", tant mieux. Il y a une forte probabilité que sur base de l'étude épidémiologique, les germes soient la source de la contamination.
Mais cela ne répond pas à ma deuxième question précédente. D'ou vient cette bactérie, et comment s'est elle retrouvée dans la chaine alimentaire, et surtout que faire si cette bactérie réapparait autre part?
Voici donc les grands titres des actualités récentes. La peur fait vendre de l'espace médiatique, et les commercants jettent les concombres à la poubelle. Les producteurs espagnols se retrouvent avec leur stock sur les bras car personne ne veut plus rien leur acheter, et tout cela sans aucune preuve formelle de la source de la souche bactérienne.
Un petit air de déjà vu...
Tout d'abord mon plus grand respect pour les malheureuses victimes et mes condoélances à leurs familles (à ce jour 17 victimes)
Dans un article précédent sur la sécurité alimentaire j'ai abordé le sujet des infections bactériennes.
La presse nous relate que le coupable de cette panique est une bactérie appelée Escherichia coli, qui est naturellement présente dans le système digestif (que l'on appelle également 'flore intestinale). Cependant il faut savoir qu'il n'y a pas qu'une seule variété de cette bactérie, il y en a des centaines, dont la plupart sont innofensives.
La variété la plus fréquente dans les intoxications alimentaires serait Escherichia coli O157:H7, cependant je viens de lire que le coupable serait la variété O104:H4, et a ce jour il n'y a eu qu'un seul cas de telle intoxication recensé, une dame en Corée en 2005.
Comment se fait-il alors qu'une telle bactérie se retrouve sur des concombres, qui semble-t-il viennent d'Espagne (ce qui reste à prouver)? L'explication la plus logique est une forme d'agriculture bio mal surveillée, et l'utilisation d'engrais 'naturels'. En fait, l'engrais en question est généralement du fumier, issu du système digestif des animaux, et qui contient naturellement des E.Coli
Il est intéressant de noter que la plupart des intoxications alimentaires d'origine bactériennes sont dues à d'autres bactéries a savoir Campylobacter, Staphilocoque doré, clostridium, botulisme. La présence d'E Coli est toujours associée à la présence de matières fécales, et est considéré comme un indicateur de la présence d'autres bactéries et/ou substances pathogènes et potentiellement nocives qu'un risque en soi.
Cependant certaines variétés de ces bactéries peuvent secréter des poisons, appelés entérotoxines, qui vont irriter la paroi interne de l'intestin et provoquer des diarrhées plus ou moins sérieuses.
La présence de ces toxines dans des aliments contaminés va provoquer de tels symptômes dans les huit heures, et la plupart du temps il suffit d'attendre (et de souffrir) quelques heures, au pire quelques jours. L'impact sur l'organisme est principalement une déshydratation et une perte d'électrolytes, qui peut être facilement compensée en buvant beaucoup. Cependant cela peut avoir des conséquences désastreuses pour des personnes plus à risques tels que nourissons et personnes agées. La célèbre "Turista" est le plus souvent le fait de la rencontre d'une variété de E.Coli pour lauqelle notre organisme n'a pas encore développé de défense immunitaire.
E.Coli O104:H4 semble être une bactérie entérohémorragique, et le principal réservoir de ce type de bactéries est le tube digestif des bovins. Ces bactéries produisent une toxine appelée verotoxine ou shinga-toxine qui peut entraîner un syndrome hémolytique et urémique, ce qui semble être le cas dans cette situation.
Revoyons cette situation sous une autre perspective. Quatorze décès et approximativement trois cent personnes touchées. En comparaison l'OMS estime que la grippe saisonière est la cause du décès de 500.000 personnes par année, dont 64.000 aux USA, et de 6000 à 8000 en France.
Mais la grippe ne fait pas vendre du temps d'antenne.... Je pense sincèrement que ce battage médiatique n'est pas justifié, et est plus de la désinformation qu'autre chose.
Que faire alors?
Ce que l'on devrait toujours faire.... LAVER LES LEGUMES!!!!
La probabilité d'une telle intoxication est ridiculement faible, donc il ne sert à rien de céder à la panique. Et TOUS les légumes sont potentiellements contaminés, même si vous les achetez dans un joli sachet plastique scellé.
Si vous êtes vraiment paranoiaque, remplissez votre évier et versez deux cuillières à soupe d'eau de javel, brassez bien, laissez tremper vos légumes une ou deux minutes, et puis rincez abondamment trois fois à l'eau claire, ou jusqu'a disparition de l'odeur de chlore. C'est ce que les producteurs américains d'épinards sont obligés de faire (industriellement) avant d'emballer la récolte!
Et lavez vous les mains!
Pour conclure, comme j'aime bien de jouer à saute mouton avec une licorne, voici ma recette de Gaspacho de concombre:
Dans un robot mixeur ajoutez
- 4 concombres en morceaux
- 1 petit piment haché
- feuilles de menthe ou de coriandre
- 1 cm de gingembre frais haché
- 4 gousses d'ail
- 200 g de yogourt grec
- Le jus d'un ou deux citrons
- sel et poivre
- Un filet d'huile d'olive
- accessoirement une feuille de citronelle kaffir
Réservez au frigo, servir froid
reférences:
Microbiology principles and explorations, Jacqueline Black, 2008, pages 685-694
Kaper JB et al. (2004) Pathogenic Escherichia coli . Nat Rev Microbiol 2:123.
Mise à jour du 4 Juin 2011
Selon les dernières nouvelles, le coupable serait une nouvelle souche inconnue de E.Coli, qui serait encore plus productrice d'entérotoxines, et la source serait due à un restaurant à Hambourg, qui lierait toutes les personnes intoxiquées? Affaire à suivre.... Le concombre Ibérique malfaisait serait donc hors de cause?
Mise à jour du 6 Juin 2011
La souche espagnole semble définitivement abandonnée. La nouvelle piste serait une ferme dans la région d'Uelzen qui produit des germes (tels que soja).
Cette piste serait plausible, car les graines sont germinées vers les 38°c, ce qui est une température idéale pour les bactéries, et il y a des précédents: Intoxication de 10.000 personnes au japon en 1996, cependant il s'agissait d'une autre bactérie, la E157:H7, et non pas la E104:H4 qui est semble-t-il la souche incriminée en Allemagne.
La ferme d'Uelezen a été fermée en attente d'analyses....
Mise à jour du 7 Juin 2011
Les semences germées allemandes semblent être hors de cause, les tests sur les produits suspectés sont revenus...négatifs. A ce jour, 22 décès au total et 2300 personnes intoxiquées. Les médias en font une 'épidémie' mais en regardant les choses de plus loin, cela ne fait que dix décès supplémentaires en Europe sur une période d'une semaine. Cela ne fait certainement pas les choux gras des pauvres victimes, mais la mortalité due aux accidents de la route est bien plus élevée (surtout les weekends). Certes, conduire en ayant bu trop d'alcool est un choix personnel, et consommer un aliment contaminé ne l'est pas.
Je me pose deux questions.
- Quel est le vecteur de cette souche? Ce qui semble être la question que la communauté scientifique et médicale se pose pour l'instant
- Quelle est l'origine de cette souche rare d'E.Coli E104:H4? Une bactérie d'origine lointaine inconnue dans nos contrées à ce jour? Mutation naturelle d'une souche existante en souche plus virulente? Le Dr. Philip Tierno, de l'Ecole de Médecine de New York dit qu'en 42 ans il n'a jamais vu cette souche spécifique de bactérie. Mutation artificielle, organisme génétiquement modifié? Possible mais je pense que dans ce cas le taux de mortalité serait bien plus élevé. La source serait-elle d'origine animale plutôt que végétale? Serait-ce le résultat d'une mutation due à l'utilisation (trop) intensive d'antibiotiques?
Les tests efféctués sur les graines germées sont toujours négatifs, aucune bactérie n'a été détectée, mais selon Reinhard Burger, directeur de l'Institut Robert Koch, "l'étude épidémiologique pointe les grains germés comme la seule source possible.
"la chaîne d'indices est tellement importante qu'on peut identifier désormais l'origine de la contamination"
Cela ne m'inspire pas comme étant très scientifique tout cela. Plutot de la chasse aux sorcières. Si tout le monde est rassuré d'avoir identifié la "sorcière", tant mieux. Il y a une forte probabilité que sur base de l'étude épidémiologique, les germes soient la source de la contamination.
Mais cela ne répond pas à ma deuxième question précédente. D'ou vient cette bactérie, et comment s'est elle retrouvée dans la chaine alimentaire, et surtout que faire si cette bactérie réapparait autre part?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire